jeudi 23 mai 2013

[Interview] GUTS - PURA VIDA

Interview GUTS
Artwork by Mambo

A quelques semaines de la sortie de « Beach Diggin’ », la nouvelle compilation réalisée par GUTS et son ami Mambo, nous avons rencontré le célèbre beatmaker d'Alliance Ethnik désormais installé en Espagne à Ibiza ! L'occasion pour nous d'évoquer son parcours, sa vision de la musique et ses projets futurs. Avec 23 ans de carrière derrière lui, GUTS nous parle de ses voyages, de ses rencontres et de sa passion pour les vinyles. Un homme simple qui regarde le monde avec passion et curiosité !

TON PARCOURS

J’aimerais parler de tes influences pour commencer... J’ai lu dans ta bio que c’est grâce à ta chère mère qui récompensait tes bonnes notes par des vinyles que tu as découvert la musique ! Peux-tu me parler de cette période ?

Pour commencer, j’ai bercé complètement dans une culture de radio ! C’était la FM, la radio libre dans les années 80, une période forte pour la musique et les médias. J’attendais avec mon stylo derrière le poste pour choper les noms des artistes, les noms des titres et je me faisais des cassettes en pagaille, sur radio 7 principalement. En parallèle, ma mère avait l’habitude d’acheter des skeuds et de les passer le dimanche matin en faisant le ménage. Très vite, j’ai été captivé et la condition pour que je puisse en acheter à mon tour était d’obtenir des bonnes notes à l’école. C’était une vraie motivation et comme j’étais plutôt bon en cours, j’ai commencé à collectionner les vinyles. Sans le savoir, c’est ma mère qui est à l’origine de ma passion pour la musique, elle m’a transmis le gène de la passion du vinyle, elle a ouvert ma curiosité ! La musique qu’elle écoutait oscillait entre funk, disco et pop : Earth Wind & Fire, George Benson, David Bowie, Elton John ou encore Stevie Wonder.

Ton parcours est marqué par de nombreux voyages initiatiques, de New-York à la Jamaïque en passant par Londres et aujourd’hui l’Espagne, qu’as-tu découvert au contact de ces différentes cultures ?

Au tout départ, je montais régulièrement à Londres pour assister à des concerts, voir des artistes qui ne passaient pas forcément à Paris et chiner des disques. Je me suis nourri de cette culture anglaise elle-même influencée par la culture afro-américaine et même jamaïcaine. Âgé de 18 ans et passionné par la culture hip-hop, je suis parti en pèlerinage à New-York pour découvrir le berceau de cette tendance musicale avec tous ses compartiments : le graffiti, la danse, les DJs, les MCs. Après cette période, j’ai participé à l’aventure Alliance Ethnik en tant que compositeur et nous avons voyagé de folie : tous les pays francophones, les États-Unis, l’Europe. Nous avons même donné le premier concert hip hop en Roumaine aux côtés de Raggasonic, juste après la chute de Ceausescu ! Plus que jamais, j’ai chopé le virus des voyages et je partais régulièrement en road trip : Etats-Unis, Afrique, Caraïbes,… Après avoir toujours vécu en France, je suis parti en 2007 m’exiler en Espagne à Ibiza. J’ai choisi cette destination pour sa qualité de vie et sa tranquillité.

La liste des artistes pour lesquels tu as collaboré est impressionnante (De la Soul, Passi, Anthony B), quels on été les rencontres déterminantes dans ta carrière ?

Parmi les rencontres déterminantes, il y a Bob Power qui n’est pas connu du grand public mais qui est quelque part mon père spirituel. A la base, c’est un professeur de jazz qui est devenu ingénieur du son, réalisateur et producteur. Dans les années 90, c’est lui qui a mixé les plus grands albums de Tribe called Quest, De la Soul, The Roots, D’Angelo ou encore Common Sense. Parmi les artistes connus, j’ai adoré collaborer avec Youssou Ndour dans son studio à Dakar. Dans le délire hip-hop, les personnages comme Common Sense et Rahzel sont des pures artistes avec une belle philosophie de vie. Autrement, je suis resté bouche bée devant l’artiste jamaïcain Michael Rose ! Et ma rencontre avec Biz Markie était assez insolite !

L’aventure GUTS démarre vraiment en 2007 avec la sortie de l’album « Guts le bienheureux », pourquoi avoir attendu si longtemps avant de sortir ton premier album ?

Dans les années 90, il y avait tellement de concerts et d’effervescence autour du projet Alliance Ethnik que je n’y pensais même pas. Entre 2000 et 2007, j’ai saisi les opportunités qui se présentaient à moi et j’ai collaboré avec de nombreux artistes : Svinkels, Passi, Sage Poètes de la Rue ou encore Big Red. Après 7 ans de bons et loyaux services, je me suis essoufflé, je me suis un peu perdu et j’ai décidé d’ouvrir un nouveau chapitre en m’exilant en Espagne et en travaillant pour moi. Depuis 2007, mes journées sont rythmées par la « pura vida », ma philosophie de vie… C’est prendre le temps de cuisiner, aller à la plage, faire du vélo, se poser devant un couché de soleil et puis évidemment composer le reste du temps.

TA VISION DE LA MUSIQUE

Ta carrière a commencé en 1989, nous sommes aujourd’hui en 2013, qu’est ce qui a changé dans la façon de faire de la musique ?

L’approche technique s’est tellement démocratisée que n’importe qui, le jeune étudiant, le plombier ou le boulanger du coin, peut faire de la musique avec un modeste ordinateur et un programme de musique tout simple. Je soupçonne que dans peu de temps, n’importe quelle personne pourra faire de la musique dans le bus avec son Ipad ou son Iphone.

Avec l’explosion d’internet, on voit arriver tous les jours de nouveaux artistes, quel est ton regard sur ce phénomène ?

Je trouve génial le fait que tout le monde puisse s’exprimer, le mec dans la rue avec sa guitare ou ses percus, le mec qui rentre du boulot et qui enregistre une musique et la poste sur internet. Après, il y a une sélection naturelle qui se fait  par la qualité et les artistes les plus créatifs sortent du lot. Aujourd’hui, il est rare que des artistes super brillants soient noyés au milieu des autres.

Pour finir sur ce chapitre… j’aimerais savoir quels sont les artistes que tu écoutes en 2013 ?

En ce moment, j’écoute les albums de Bonobo et Flying Lotus, j’aime beaucoup le rappeur Joey Bada$$ et son collectif Pro Era, j’écoute également le dernier ROCé…

TON ACTUALITÉ

A présent, quelles surprises nous réserves-tu ? Un 4ème album ? De nouvelles collaborations ? La création d’un groupe ?

Le projet le plus brûlant en ce moment, c’est la compilation qui sort au mois de Juin « Beach Diggin’ » que je réalise avec Mambo, le peintre français basé à Los Angeles. On est allé chercher des vieux titres des années 70 jamais compilés pour la plupart et qui évoquent le soleil, la plage, le bien être. L’objectif est de fabriquer des images dans la tête des gens et de les faire voyager. Pour l’occasion, je vais monter en France faire quelques Dj Set avec une percussionniste cubaine. Il y aura une dizaine de dates sur Paris, Toulouse et en Bretagne.


Pour finir, je te laisse passer un message aux personnes qui liront cette interview… une anecdote ? un conseil ? ce que tu veux ?

Une phrase de Nietzsche que j’ai découvert récemment : « L’art nous protège de la vérité qui tue ».

Jerem / Tube2ouf

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